Résumés

 

Mathilde Roussel et Matthieu Raffard 

Terraformation et stackographie

 

Comment décrire correctement les objets technologiques qui nous entourent ? De quelle manière peut-on rendre compte de la complexité des agencements techniques et organiques qui structure notre planète ? Est-il possible d’éveiller une nouvelle conscience planétaire pour lutter contre la crise climatique ? Pour répondre à ces questions, nous questionnerons la notion de terraformation telle qu’elle est proposée par Benjamin Bratton dans ses derniers ouvrages. Nous essaierons de montrer comment ce concept permet de repenser la question de la représentation et ouvre des perspectives intéressantes à explorer du côté de la photographie. Nous réfléchirons à une nouvelle forme d’écriture de l’image : la stackographie.

 

 

 

Peter Szendy

Atmosphère, iconosphère, échosphère

 

En 1989, dans Les trois écologies, Félix Guattari suggérait d'élargir la notion d'écologie ("l'écologie environnementale" ou écologie au sens supposé strict) pour la transporter ou transplanter, de manière non métaphorique, dans les domaines de ce qu'il appelait "écologie sociale" et "écologie mentale". "De même que les algues mutantes et monstrueuses envahissent la lagune de Venise", écrivait-il, "de même les écrans de télévision sont saturés d’une population d’images [...]." Dans le sillage de ces propos, et dans une perspective matérialiste, on tentera de donner corps à la notion d'iconosphère (proposée par Victor Stoichita en 1989) et à la notion d'échosphère (êchô, en grec, c'est à la fois le son ou le bruit, leur répercussion, ainsi que la rumeur qui se répand par ouï-dire). On reviendra notamment sur l'histoire de l'acousmate, un mot qui a pu désigner, au XVIIIe siècle, une multitude de voix humaines entendues dans l'air, comme un nuage.

 

 

 

Yves Citton et Grégory Chatonsky

Terraformations accélérationnistes : une Terre seconde au futur antérieur

 

En 2019, Benjamin Bratton publie The Terraforming dans le cadre du Strelka Institute de Moscou. La même année, le Palais de Tokyo expose Terre seconde de Grégory Chatonsky. Ce dernier discutera avec Yves Citton de leur édition de la traduction française de l’ouvrage de Bratton, en essayant de mesurer les éclairages comme les angles morts des programmes et des oeuvres d'art accélérationnistes proposées comme des réponses possibles aux catastrophes et extinctions en cours, dans le climat et la biodiversité.

 

 

 

Gwenola Wagon

La Terre comme piste de décollage

 

Dans l'essai Télépathie interstellaire, j’analyse les spéculations de Camille Flammarion sur la communication à distance universelle et la vie éternelle. Je m’intéresse particulièrement aux métamorphoses de l’espace engendrées par les nouveaux moyens de télécommunications émergeant au début du 20e siècle. J’explore comment les écrits romanesques de Flammarion mènent aux imaginaires de transformation terrestres et extra-terrestres, qui seront poussés à leur paroxysme dans des fictions reprises par quelques entrepreneurs du numériques. Le rêve de fuite cosmique se propage en corrélation avec leurs plateformes promouvant un hypermarché-monde engendré par la basse résolution et la vitesse de propagation qui s’appliquent à toute chose.

 

 

 

Olga Kisseleva, artiste, MCF HDR Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Lu Bauer, mathématicienne, City Interaction Lab, Montreuil 

Les villes vivent et meurent comme des arbres. 

 

Cette recherche interdisciplinaire art&science est axée sur la relation entre les arbres et les villes, leur ressemblance et leur potentiel de coopération mutuelle. Dans le prolongement du projet EDEN (Ecologie, Durable, Ethique, Nature), qui a mis les arbres en contact les uns avec les autres, et qui a également inclus les humains dans cette interaction afin de les sensibiliser au réseau secret d'intelligence de la nature, à cette étape l’équipe du projet s'attaque à la nouvelle façon d'intégrer les arbres dans le paysage urbain et de protéger sa biodiversité, afin de gérer la structure urbaine et de maintenir nos villes en vie. 

 

 

 

Bertrand Dezoteux 

En attendant Mars

 

De 2010 à 2011, une expérience scientifique intitulée Mars 500 a conduit six hommes à vivre 520 jours coupés du monde, dans un habitacle de fusée spatiale, située dans la banlieue de Moscou. Ce voyage immobile avait pour but d’étudier les répercussions psychologiques et physiologiques d’une expédition sur Mars en conditions réelles (hormis les radiations et l’apesanteur). Inspiré par cette aventure, je me suis intéressé aux représentations qui découlent de cette simulation inédite. En mêlant le théâtre filmé à la réalité documentée de cette expérience, En attendant Mars retrace le quotidien et l’existence des participants à l’aide de marionnettes, de maquettes, de témoignages et de documents. C'est éléments feront l'objet de ma présentation au colloque États de la terraformation.

 

 

 

Mathieu Legrand-Losfeld

Marsoformation et neguentropie

 

Inversant la proposition de terraformation, qui est de rendre vivable une espace qui ne l’était pas, avec la marsoformation, le principe est de rendre invivable un espace qui l’était. Elon Musk nous invite à migrer sur Mars alors que des crises de grandes ampleurs poussent au déplacement ou à l’extinction de milliards d’êtres vivants. L’humain se plaçant comme moteur de ces mouvements, doit-il être considéré comme le farmakôn de sa propre planète? Dans l’état de tension que la science connaît, dans l’impuissance de la culture à agir concrètement, peut-on simplement concevoir une démarche et une pratique artistique qui rivaliserait avec cette entropie naturelle?

 

 

 

Olivier Schefer 

Robert Smithson, Land Art et artisalisation terrestre

 

Cette communication se propose d’interroger différentes stratégies d’artisalisation du terrestre mises en œuvre par l’artiste américain, Robert Smithson, qu’il s’agisse de la planète Terre ou des éléments qui la composent. Nous examinerons notamment le rôle tenu par la science-fiction, la culture pop et les sciences humaines dans cette perspective d’un art du paysage élargi et entropique.

 

 

 

Jean-Marie Dallet

Major Tim and the Dance of the Purple Data

 

Sur un mode poétique, Jean-Marie Dallet du collectif d'artistes SLIDERS_lab revisitera un certain nombre de ses créations en montrant le rapport que celles-ci entretiennent avec l'idée de terraformation : accident, voyage dans des espaces, réanimation, réensemencement, etc.  

 

 

 

Félicie d’Estienne d’Orves

Soleil martien

 

Continuum est un film en hommage à la pionnière de la musique électronique Éliane Radigue (née en 1932). L’installation immersive réalisée à partir d’images prises par les sondes de la NASA montre un coucher de soleil sur Mars d’une heure environ accompagnant « Koumé », la troisième partie de Trilogie de la mort. Le paysage martien évolue à travers différentes phases de couleurs, déployant des ciels allant progressivement de l’orange au bleu jusqu’au crépuscule, à rebours de notre coucher de soleil terrien. 

 

 

 

Yann Toma

Art et Terrinformation : de la fusion et de la transformation à l’ère du néganthropocène. 

 

Une nouvelle relation à la notion d'énergie, intégrant des modèles jusqu'à présent radicalement ignorés, semble s'imposer à nous à l'heure où la voie de l'extinction apparait comme une issue probable à l'humanité. À travers une histoire de la relation entre art, cosmos et information, il s’agira de mettre en perspective certaines œuvres et théories qui aujourd’hui nous amènent à anticiper, face à l’augmentation des taux d’entropie (aux niveaux physique, biologique, informationnel et psychosocial), des modèles informationnels fondés sur la valorisation systémique de la production d’anti-entropie, notamment via la production et la distribution d’énergie artistique (Mesmer, Tesla, Lotka, Stiegler, Bratton).

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